- Petsa
2004-04-22
- May-akda
Louise Leduc
- Headline
La Presse
- Buong Teksto
La France a son imam controversé, qui clame sans nuances qu'un musulman peut battre sa femme, et le Canada sa famille Khadr, qui ne cache rien de ses liens étroits avec Oussama ben Laden et sa sympathie pour sa stratégie terroriste. Des deux côtés de l'Atlantique, la tolérance de chacun est mise à rude épreuve.
Le retour au pays de Maha Elsamnah, veuve du terroriste Ahmed Khadr, et de son fils paraplégique de 15 ans, Abdul Karim, la semaine dernière, a suscité au Canada une certaine hystérie (dixit le Toronto Star), d'autant plus que la mère a le don de la formule-choc. «Vous voudriez que j'élève mon fils pour qu'à 12 ou 13 ans, il prenne de la drogue ou ait des relations homosexuelles, ou ceci ou cela? Ce serait mieux?»Au Globe and Mail, la semaine dernière, Mme Khadr se montrait fière, par ailleurs, de la mort en martyr de son mari, au Pakistan, en octobre dernier.
Il y a encore cet autre fils, Abdulrahman qui, à son retour de Guantanamo en décembre, ne rassura personne à Toronto en avouant avoir participé pendant trois mois en 1998 à un camp paramilitaire en Afghanistan.
C'en était trop: une pétition sur Internet s'est mise à réclamer que les Khadr, tous citoyens canadiens, soient boutés hors du pays. «Je crains que cette femme reçoive de l'aide sociale et son fils blessé, des soins de santé, peut-on lire. Je ne veux pas que le fruit des impôts canadiens soit dirigé vers cette famille. Leur citoyenneté devrait leur être retirée.»
Stockwell Day, député conservateur, est de cet avis. «À moins qu'ils ne rentrent au pays pour nous dire où se cache ben Laden, le gouvernement canadien agit de façon irresponsable s'il ne révoque pas leur citoyenneté canadienne», a-t-il déclaré.
Une contre-pétition a aussitôt vu le jour sur Internet, celle-là pour renvoyer illico tous les racistes de ce pays.
Comme l'a souligné Paul Martin, la citoyenneté canadienne ne se révoque pas comme cela. «Quand quelqu'un viole la loi ou présente une menace pour le pays, il existe des moyens pour y remédier.»
Une révocation exceptionnelle
Huguette Shouldice, porte-parole de l'Agence des services frontaliers du Canada, indique qu'un immigrant ne peut perdre sa citoyenneté canadienne que dans des cas très exceptionnels, «lorsqu'il a menti au moment de faire sa demande, en cachant son passé de criminel de guerre ou en se présentant sous une fausse identité, par exemple».
Depuis 1977, seulement une cinquantaine de personnes ont perdu leur citoyenneté. Un nouveau citoyen canadien aura beau commettre une tuerie, il ne sera pas expulsé pour autant, mais risquera la prison, comme toute personne née ici.
Heureusement, dit Salam Elmenyawi, porte-parole du Conseil musulman montréalais. «Si la citoyenneté se révoquait aussi facilement que le souhaitent certains, ne faudrait-il pas expulser ceux qui critiquent le premier ministre canadien? Ou les souverainistes québécois? Parce que la souveraineté du Québec, ça aussi, ça peut être très dommageable pour le Canad», ironise-t-il.
Il n'est pas moins coloré quant à la controverse autour de l'imam français Abdelkader Bouziane. «Les curés, dans les églises du Québec, n'enseignaient-ils pas il y a à peine 50 ans que les femmes avaient un cerveau équivalent à celui d'un petit poulet, ou à peu près? Et est-ce que je ne lis pas régulièrement dans les journaux des statistiques effarantes sur les femmes battues par leurs maris canadiens pure laine?»
Ce n'est qu'une minorité d'imams qui interprètent aussi mal le Coran: dommage que ce soit toujours cette minorité que l'on médiatise, regrette M. Elmenyawi.
Pour sa part, Rick Goldman, responsable du volet sécurité à la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, ne s'étonne pas de l'expulsion de l'imam- qui n'avait pas la citoyenneté française- pas plus qu'il ne s'étonne de la controverse Khadr. «Une telle famille est vraiment un cas d'espèce au pays.»
Par contre, s'il sait bien qu'il n'est pas question de révoquer la citoyenneté canadienne à la petite semaine, il fait observer que tout est fait, depuis le 11 septembre, pour empêcher les demandeurs d'asile d'entrer au pays. «Avant, on en accueillait 50 000 par an. Depuis qu'on les arrête dans les aéroports à l'étranger, on n'en reçoit plus que 33 000. Et avec l'application de cette loi, probablement cet automne, qui permettra de renvoyer tout demandeur qui nous arrive des États-Unis, on assistera probablement à une autre baisse de 40 %.»
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