- Petsa
2004-04-06
- May-akda
Claireandrée Cauchy
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Le Devoir
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L'abolition des allocations de formation offertes aux immigrants inscrits à des cours de francisation risque de décourager ceux qui veulent apprendre le français, selon l'opposition officielle et les organismes qui viennent en aide aux immigrants.
Dans une directive transmise à ses employés vendredi dernier, le ministère des Relations avec les citoyens et de l'Immigration (MRCI) annonce que l'allocation de formation de 150 $ par semaine versée aux étudiants à temps complet sera remplacée par une allocation de participation de 30 $ par semaine, à compter du 3 mai prochain. Le montant forfaitaire de 4 $ par jour alloué aux étudiants à temps partiel est aussi aboli. En outre, le ministère ne remboursera plus le coût du transport en commun. Cette directive s'inscrit dans la foulée de la compression de 21 % (24 millions de dollars) de l'enveloppe allouée à l'immigration annoncée dans le dernier budget.
La ministre des Relations avec les citoyens et de l'Immigration, Michelle Courchesne, soutient que la plus grande partie des fonds ainsi dégagés, soit cinq des 6,4 millions, sera utilisée pour réduire les listes d'attentes en francisation, qui sont actuellement de cinq à sept mois. «Je veux redonner à ce ministère sa mission essentielle, qui n'est pas le soutien social, mais l'accueil et l'intégration.» Elle espère ramener les délais à un maximum de trois mois dans la région de Montréal et les résorber entièrement ailleurs au Québec.
La ministre souhaite aussi que son plan d'action, qui sera dévoilé dans les prochaines semaines, mise davantage sur l'intégration en emploi: «Pendant neuf ans, il ne s'est rien fait d'autre que la francisation. Là, il faut faire un pas de plus et s'occuper de l'insertion en emploi.»
Elle précise que les immigrants seront admissibles à la prime au travail annoncée dans le plan de lutte contre la pauvreté la semaine dernière, qui peut atteindre un maximum de 5030 $ par année pour une famille de deux adultes et deux enfants ayant un revenu annuel équivalent au salaire minimum. En dernier recours, les immigrants pourront aussi recevoir de l'aide sociale, après avoir épuisé les fonds dont ils disposaient au moment d'arriver au Québec.
Inquiétudes
«J'ai bien hâte de voir cela», s'exclame la porte-parole de l'opposition officielle en matière d'Immigration, Lucie Papineau. «Ce n'est pas avec un budget comme cela qu'on va arriver à réduire les listes d'attente. Si les gens n'ont pas la possibilité de se rendre aux cours, c'est bien sûr qu'il n'y en aura pas de listes d'attente!»
Ces propos trouvent écho chez le directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, Stephan Reichhold. «Un des effets pervers, c'est que les personnes qui ne travaillent pas et qui ont besoin de francisation devront aller cogner aux portes de l'aide sociale. Or, une femme dont le conjoint a trouvé une job au salaire minimum ne pourra y avoir accès puisque son mari est salarié. L'impact est très important pour les femmes, que Mme Courchesne voulait tant aider.»
En réunion syndicale ce matin, les professionnels du ministère ont manifesté leur inquiétude devant la nouvelle directive. «Les immigrants devront choisir entre le travail et les cours de français. On émet l'hypothèse qu'ils vont travailler, surtout en anglais. Cela nous fait nous interroger sur l'avenir de la société québécoise», observe la présidente du Syndicat des professionnels du gouvernement (SPGQ), Carole Roberge.
La ministre quant à elle ne croit pas que les compressions affecteront réellement la participation: «D'après nos études, les gens qui sont très motivés, qui veulent trouver de l'emploi, qui veulent s'intégrer, ce n'est pas un problème, ils l'apprennent le français. On avait des cas de gens qui venaient plus ou moins désireux d'apprendre le français, mais qui voulaient avoir la prestation.»
Outre les allocations, le ministère entend aussi économiser 1,4 million sur les loyers en offrant les cours de français dans les locaux des commissions scolaires, des cégeps et des universités, plutôt que dans les Carrefours d'intégration des immigrants. On ne prévoit cependant pas de coupes dans le personnel enseignant du ministère, qui continuera de donner les cours.
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