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Article de quotidien

Télévision à la une - Vers une sous-classe de travailleurs étrangers

Date

2013-06-22

Auteurs

Caoline Montpetit

Résumé

Zone doc
La fin de l’immigration ?
Radio-Canada, vendredi 28 juin à 21h

Titre du journal

Le Devoir

Texte complet

Des centaines de milliers de travailleurs étrangers entrent chaque année au Canada par la voie de contrats qui les tiennent entièrement captifs de leur employeur.

Ces travailleurs touchent souvent des salaires moindres que ceux consentis à des employés canadiens pour les mêmes fonctions et sont sujets à l’exploitation et à la maltraitance. À la fin de leur contrat, ces travailleurs non qualifiés sont tenus de rentrer chez eux, au Guatemala, aux Philippines, en Thaïlande ou au Mexique, et leurs chances de demeurer au Canada sont minces.

Depuis quelques années, le nombre de ces travailleurs dépasse celui des immigrants admis au Canada. En 2009, les entreprises canadiennes de différents secteurs en employaient en effet 300 000, alors que l’immigration traditionnelle était gelée à quelque 250 000 personnes. Leur embauche au Canada est légale et cautionnée par un projet-pilote concernant les travailleurs étrangers temporaires non qualifiés, mis sur place par le gouvernement fédéral en 2002.

C’est ce que dévoilent Marie Boti et Malcolm Guy dans le documentaire La fin de l’immigration?, présenté dans le cadre de l’émission Zone doc ce vendredi à Radio-Canada. Selon les réalisateurs, le pays prend ainsi le virage d’une immigration «privée», décidée et contrôlée par les entreprises, et qui n’offre aucune garantie à ceux qui en sont l’objet. Pour illustrer son propos, Malcolm Guy compare le cas de ces travailleurs à celui de ses propres parents, arrivés ici en provenance d’Angleterre dans les années 1950, sans compétences particulières, mais qui ont pu, grâce aux programmes d’immigration en vigueur à l’époque, s’installer au Canada et y passer le reste de leur vie.

Un espoir ténu

Car une forte proportion de travailleurs qui arrivent ici dans le cadre de tels programmes portent l’espoir de devenir en définitive résidents permanents du Canada. Or, pour accéder à ce statut, les travailleurs doivent réussir à être acceptés dans des programmes provinciaux et à changer de catégorie d’emploi pour devenir des travailleurs qualifiés.

En fait, les expériences des travailleurs étrangers non qualifiés varient beaucoup selon les entreprises qui les emploient. Ainsi, certains employeurs assument les frais de voyage de leurs employés, d’autres non. Un employé interrogé dans le film est forcé par son employeur de payer le double de la valeur de son loyer parce qu’il ne l’occupe que quelques mois par année. D’autres se voient imposer des frais de plusieurs milliers de dollars par l’agence qui les recrute dans leur pays simplement pour avoir la possibilité de venir travailler ici.

«Il y a des cas d’illégalité, mais ce que nous avons voulu montrer d’abord et avant tout, c’est que cette embauche de travailleurs étrangers est parfaitement légale», explique Malcolm Guy.

Reste qu’en février 2012, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec dénonçait la «discrimination systémique» dont sont victimes ces immigrants et demandait au gouvernement du Québec de réviser ses pratiques à leur égard. «[...] non seulement [leur statut] restreint leur liberté d’établissement et leur accès au programme de regroupement familial, mais cela porte atteinte à leur droit à la liberté et à leur droit à des conditions de travail justes et raisonnables qui respectent leur santé, leur sécurité et leur intégrité physique», écrivaient les membres de la Commission dans un avis.

Dans le documentaire de Boti et Guy, on peut voir un candidat à un poste chez McDonald’s à qui on fait promettre qu’il ne cherchera pas à travailler pour un autre employeur, mais aussi qu’il n’exigera pas de rentrer dans son pays, et ce, même si sa famille était secouée par la mortalité. Un autre, vivant au Canada, raconte que son employeur menace de le renvoyer dans son pays s’il ne va pas travailler même malade.

En fait, depuis 2011, ces travailleurs ne peuvent pas être employés au Canada plus de quatre ans d’affilée. Au terme de leur contrat, ils rentrent donc chez eux, temporairement, souvent pour voir brièvement leurs enfants avant de repartir pour travailler ailleurs.

Zone doc / La fin de l’immigration ?
Radio-Canada, vendredi 28 juin à 21h

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