2013-06-01
Depuis les années 1960, les agriculteurs canadiens font face au problème provoqué par la diminution de la main-d'œuvre, surtout dans les secteurs horticoles et maraîchers. Dans ce secteur, au Québec, les producteurs se trouvent confrontés à une importante pénurie (Mimeault et Simard, 1999). Ils résolvent en partie ce problème, ainsi que celui de l'augmentation des coûts associés à la production horticole, en participant au Programme de travailleurs agricoles saisonniers. Chaque année, les producteurs maraîchers et horticoles emploient des travailleurs venant du Mexique afin de combler ce manque (Roberge, 2008; Basok, 2003; Preibisch, 2007). Les avantages pour les producteurs sont nombreux : une force de travail géographiquement immobile qui accepte des conditions de travail irrégulières et des salaires faibles, des travailleurs seuls et sans distraction sociale, des travailleurs disponibles rapidement à cause des problèmes sociaux et des disparités dans les pays pourvoyeurs (Preibisch, 2007). Du point de vue des travailleurs, la réalité est cependant différente. Tel que l'explique Hennebry (2008), le contrat de travail se présente comme un mécanisme de contrôle puissant pour les gestionnaires du programme. Afin de décrire et d'expliquer les répercussions causées par le contrat de travail sur la vie quotidienne des travailleurs, nous avons mené une vaste enquête par entrevues appuyée par plusieurs mois d'observation participante. Cette enquête a eu lieu dans la localité de Saint-Rémi et de Saint-Eustache. Nous avons réalisé des entretiens avec des personnes qui administrent, supportent, défendent et dépendent de la migration saisonnière au Québec. À partir de leurs témoignages, nous avons dressé un portrait de leurs conditions de vie et de travail et nous avons dégagé les dispositions limitatives du contrat de travail qui sert à gérer ce type de main-d'œuvre. Nous avons également montré comment ces dispositions contractuelles sont porteuses d'exclusion et d'inégalités. Les mécanismes que nous avons présentés et qui découlent du contrat de travail offrent à l'État et aux fonctionnaires un contrôle considérable sur les conditions de vie et de travail des migrants. En démontrant que le contrat est porteur d'exclusion et d'inégalités, nous avons aussi conclu que les travailleurs accordent une grande importance à la reconnaissance provenant de la communauté. Nous avons démontré que le manque de reconnaissance s'explique entre autres par la non représentation des travailleurs auprès des autres partis impliqués. L'absence de ressources adaptées aux besoins des travailleurs maintient à distance l'accès à certains services et droits. Les conditions dans lesquelles ils vivent et travaillent sont vues comme une nouvelle forme de servitude. Ainsi, l'apport des ressources issues de la société civile et le pouvoir d'association sont devenus une nécessité pour améliorer l'expérience migratoire des travailleurs agricoles saisonniers mexicains.
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Université du Québec à Montréal
Géographie
Maîtrise
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