- Date
2013-12-05
- Authors
Marco Bélair-Cirino
- Newspaper title
Le Devoir
- Full text
Québec — Le ministre Maxime Bernier s’est attiré les reproches des producteurs agricoles en dépeignant la grande majorité des personnes dont les prestations d’assurance-emploi ont été coupées au fil des huit derniers mois comme des profiteurs.
« Quatre-vingts pour cent des gens […] qui ont perdu leurs prestations, ce n’était pas à cause de notre réforme. Ces gens-là n’étaient pas à la recherche active d’emploi. Pourquoi, ils n’étaient pas à la recherche active d’emploi ? Ces gens-là étaient soit sur une plage à Cuba ou en Floride », a lancé jeudi l’élu conservateur aux participants du congrès annuel de l’Union des producteurs agricoles (UPA), disant se fier aux statistiques colligées depuis l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance-emploi.
Mais les 350 producteurs agricoles massés dans la salle principale du Centre des congrès de Québec n’entendaient pas à rire. Le programme l’assurance-emploi revu et corrigé par le gouvernement conservateur « met en péril » la pérennité du secteur de l’agriculture, de la foresterie et de la pêche en accélérant la dévitalisation des régions du Québec, a fait valoir Jean Côté, de l’UPA-La Mitis. « Les emplois saisonniers sont nécessaires pour [notre secteur d’activité]. On sait que l’été, ce n’est pas 365 jours », a affirmé le producteur agricole du Bas-Saint-Laurent, insistant sur l’importance de compter année après année sur un certain nombre de travailleurs saisonniers ayant reçu une formation spécialisée.
Le député de Beauce a suggéré aux producteurs agricoles étant persuadés de faire face à une pénurie de main-d’œuvre à l’été 2014 ou 2015 de proposer à chacun de leurs employés temporaires contraints de chercher un boulot de « dire à [leur] employeur potentiel : “ Écoutez, je vais travailler avec vous quelques mois, même si vous m’offrez un emploi à temps plein parce que je désire revenir sur ma ferme ” ». « Elle ne perdra pas de prestations […] si l’employeur décide de ne pas l’engager », a soutenu M. Bernier.
L’UPA doute fort de la sagesse des conseils du ministre d’État à l’Agriculture. Elle demande au gouvernement conservateur de suspendre l’application de la réforme de l’assurance-emploi, ou à tout le moins d’épargner les travailleurs saisonniers agricoles, sylvicoles et de la pêche.
La réforme restreindra à coup sûr l’accès à une main-d’œuvre qualifiée, a indiqué le président de l’UPA, Marcel Groleau. « Il faut pouvoir avoir accès à ces employés année après année si on veut développer nos entreprises. » Le secteur agricole fait appel bon an mal an à quelque 39 000 employés saisonniers, dont 31 000 Québécois et 8000 étrangers.
M. Groleau emploie deux opérateurs d’équipement, et ce, d’avril à novembre. « Ce n’est pas vrai que je peux demain remplacer ces employés-là. […] Si [l’un d’eux] ne peut pas avoir accès à de l’assurance-emploi parce qu’il n’est pas à la recherche d’un emploi dans une région où il n’y a pas d’emplois l’hiver, je pense qu’il n’est pas à Cuba l’employé, il est chez nous ! »
Maxime Bernier a convenu de « vérifier les statistiques » un an après l’entrée en vigueur de la réforme, même s’il est convaincu que « l’impact va être minime ». « Peut-être que je me trompe et que vous avez raison. Si vous avez raison, il va falloir se rasseoir et regarder qu’est-ce qu’on peut faire pour modifier cette réforme-là », a-t-il souligné aux congressistes.
Le ministre était dépêché jeudi au congrès annuel de l’UPA afin d’apaiser les craintes des producteurs laitiers et fromagers à l’égard de l’accord de libre-échange Canada-Union européenne. Après l’arrivée prochaine de 17 700 tonnes de fromage, « il risque d’y avoir des pertes au niveau des revenus », a admis M. Bernier. Il s’est néanmoins dit persuadé de trouver en deux ans une formule de compensation des « pertes éventuelles réelles » conforme aux attentes des producteurs fromagers et laitiers.
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